Dès son titre, l’objectif de l’ouvrage est explicite : l’éducation prioritaire mérite d’être défendue, et c’est ce que son auteur, le collectif Langevin Wallon, a entrepris d’argumenter dans ce volumineux ouvrage de près de 800 pages, bienvenu car il constitue une véritable somme de connaissances sur l’éducation prioritaire, son histoire, ses aléas, ses possibilités, ses heurs et ses malheurs aussi. Pourquoi un ouvrage d’une telle ampleur ? Parce que dès la première ligne de la préface, Jean-Paul Delahaye souligne que l’éducation prioritaire ne peut être « autonomisée », étudiée indépendamment du système éducatif considéré dans sa totalité : « l’éducation prioritaire a profondément modifié l’organisation de notre école », ce qui signifie qu’il n’est pas possible d’isoler l’éducation prioritaire du fonctionnement de l’ensemble du système éducatif. En d’autres termes, si l’intérêt premier de cet ouvrage, comme son titre l’indique, réside dans son analyse de la politique publique d’éducation prioritaire depuis les premières initiatives venues du terrain en 1980 jusqu’à aujourd’hui, il analyse l’ensemble des questions liées aux inégalités sociales et scolaires du système éducatif français, les réponses qui leur ont été apportées, leurs effets réducteurs ou non de ces inégalités. Cet ouvrage s’adresse donc à un très large public soucieux de comprendre les logiques à l’œuvre dans ce qui peut apparaître comme des abandons, des contradictions, mais qui donne également à voir des réussites locales et leurs conditions de réalisation, intéressant ainsi les différents acteurs de terrain de cette politique.
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Élisabeth BAUTIER