Assurément la tradition est ancienne qui attribue aux images, aux « icônes », un pouvoir pédagogique dans la transmission des savoirs sur le monde ou des croyances religieuses. L’image tend à valoir comme doublure de la parole du pédagogue-prédicateur. L’image illustre la parole et la garantit tout à la fois comme copie du monde et donc preuve de l’existence de cet objet du monde auquel la parole réfère et que l’image simule. Mais dans le même temps, paradoxalement, l’image, comme le mot, met la chose en absence en la traitant dans les catégories du symbole ou du signe.
Très précocement, les familles et l’école inscrivent les enfants-élèves dans cette tradition au travers du matériel pédagogique (les gravures Rossignol et leurs avatars plus modernes, les imagiers ou leurs substituts les catalogues de vente par correspondance, les images séquentielles,...), des séquences pédagogiques comme la leçon d’élocution ou la « leçon de chose ou d’éveil ».
Nous assumons ici cet héritage en proposant d’utiliser en classe (au Cours Moyen) une bande dessinée comme support à un travail d’« expression écrite », de composition écrite. Notre choix s’est porté pour des raisons conjoncturelles (la disposition d’un stock) sur la série des enquêtes de l’inspecteur Ludo que diffusent, massivement, Pif Gadget et les éditions Vaillant.
Il s’agit donc d’écrire un texte d’énigme policière avec les ressources du seul code linguistique à partir d’une BD qui, elle, mélange mots et images, recourt au code iconique et au code linguistique. Le futur lecteur ne disposera donc plus que des mots écrits pour lire, comprendre et résoudre l’énigme.
Voir aussi, dans Spirale 2 : « Les images séquentielles : de la lecture d’images à la naissance du récit »