BABUT Étienne « Avant propos : la différence, un droit ? » - Spirale 27 (2001)

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Notre siècle finissant pourrait être caractérisé par l’énoncé de droits jusque làignorés ou déniés. Il ne s’est pas contenté de réactiver le concept de droits de l’Homme en en affirmant le caractère universel, voire en en faisant un critère d’appartenance àla « communauté internationale  ». Il se targue d’avoir promu l’enfant comme sujet de droits face àses parents, au monde des adultes, àla société : véritable révolution culturelle évidemment inachevée. En France, voici quelques années, une loi a promulgué un droit au logement. Même si cette promulgation n’a pas réussi àcontraindre les collectivités territoriales àproposer un logement àchaque « SDF  », la persistance de ces individus ou de ces familles ne constitue plus automatiquement un délit de vagabondage mais dénonce un manquement de la puissance publique : autre révolution culturelle ! Quant au problème récurrent des « sans papiers  », il illustre àsa manière une volonté, certes plus contrainte que fondée sur une conviction, de créer du droit — non sans erreurs ni… arbitraire ! — dans des espaces de non droit.
Dans ce contexte cavalièrement évoqué, l’affirmation d’un droit àla différence constitue peut-être une singularité. A notre connaissance, il n’est pas encore expressément énoncé en termes juridiques, il n’a pas donné lieu àdes textes théoriquement contraignants. La différence, c’est d’abord l’objet d’un constat massif, indéfiniment diversifiable. L’existence d’un sosie, le phénomène de la gémellité sont perçus par le sens commun comme des exceptions qui confirment la « règle  » fournie par l’évidence. Et quand la démarche idéologique se saisit de cette évidence, elle aboutit couramment au nationalisme, au racisme, àdes comportements de classe ou de caste, bref àtoutes sortes de raidissements identitaires et, par là, àdes comportements de rejet, souvent àla fois argumentés et passionnels.