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septembre 1996

LEMAITRE Brigitte « Littérature enfantine et didactique de la lecture-écriture à l’école élémentaire » - Spirale 9 (1993)

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L’école, malgré un effort important d’innovation didactique, est toujours elle-même, c’est-à-dire fortement modélisante : la tentation persiste de vouloir transmettre un “savoir clair” sur tous les objets qui pénètrent dans son univers. Le modèle sort par la porte et rentre par la porte-fenêtre...
Les maîtres, souvent très ouverts à l’innovation et désireux d’approfondir leurs savoirs théoriques, ont la tâche délicate d’utiliser les savoirs pour perfectionner des pratiques sans perdre de vue l’ensemble des apprentissages et de leurs objectifs. Or, si l’on passait en revue, avec un peu de recul, le corpus des textes dits de “littérature enfantine” auxquels sont confrontés les élèves de certaines classes de cycle III, on pourrait se demander si l’on ne prépare pas involontairement de futurs lecteurs de romans de “quai de gare” ou de recueils de calembours. Le passage obligé par l’imitation de modèles renforce encore la conventionnalité par la pratique, assez généralisée du “guide d’écriture” ou “guide de relecture” (“Je n’ai pas oublié l’objet magique” - “Ma fin a un rapport avec le début” etc...). Le texte étant apprécié essentiellement en fonction de son degré de conformité avec le prototype initial, s’insinue par là même l’idée qu’il existe des normes simples à partir desquelles on juge du bon ou du mauvais texte littéraire comme on juge de la bonne ou de la mauvaise recette de cuisine.
Si l’on veut éviter l’appauvrissement et l’aplatissement de la littérature enfantine à l’école élémentaire, il serait temps de réfléchir à quelques questions :
 Les élèves n’ont-ils pas le droit de lire sans la perspective de devoir écrire ?
 Quelle culture littéraire leur apportons-nous ?
 A-t-on vraiment exploré les richesses de la littérature enfantine disponible aujourd’hui ?
 Quels futurs lecteurs-consommateurs voulons nous former ?