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samedi 18 mars 2017

André SCALA « L’avenir de la philosophie en IUFM » - Spirale 8 (1992)

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Faut-il finalement enseigner la philosophie en IUFM ? Pour certains philosophes, cela ne doit pas faire de doute, ainsi le rapport Derrida/Bouveresse affirme dans le cinquième point de son préambule : « tous les maîtres du premier et du second degré, quelles que soient les disciplines qu’ils se préparent à enseigner, devraient bénéficier lors de leurs années de formation d’un enseignement de philosophie ». Deux raisons sont avancées : d’une part, « tous les maîtres doivent pouvoir s’interroger sur l’aspect nécessairement problématique de leur pratique », d’autre part, « une conception pluridisciplinaire de l’enseignement implique que tous les maîtres puissent avoir les moyens de construire une réflexion sur les liens qu’entretiennent entre eux, historiquement et logiquement, les divers savoirs enseignés à l’école et au lycée. C’est dire, à partir de l’exigence d’une telle transversalité que, dans toutes les branches de la formation des maîtres, un enseignement philosophique est nécessaire » . Mais, d’autres philosophes sont tout aussi catégoriques... en un sens opposé ; par exemple, quand un Front républicain de l’enseignement conçoit, par la voix de Bernard Bourgeois , les IUFM comme le point culminant d’une « dérive pédagogique » et réclame « la suppression pure et simple d’un tel condensé si nocif de tant d’erreurs », dérive qui se traduit aussi par des projets qui, à l’Université, « maltraitent spécialement les Lettres Classiques et l’enseignement philosophique ». On ne peut conclure de cette analyse qu’une alternative : ou les IUFM ou l’enseignement philosophique ! car d’une certaine manière, Bernard Bourgeois prend acte de ce que Charles Coutel appelait l’an dernier, « une attitude fondamentale du rejet du philosophique en tant que tel qui semble traverser la loi d’orientation elle-même et le rapport Bancel », ou encore du souhait du syndicat des directeurs d’Ecole Normale : « il nous paraît nécessaire de diminuer le rôle de la philosophie au profit des techniques de communication et d’animation ». Le problème semble donc se situer entre l’affirmation d’une nécessité et celle d’une impossibilité ; pour les uns, la nature de la philosophie implique contradiction qu’elle n’existe pas dans les IUFM, pour les autres, la nature des IUFM implique contradiction que la philosophie y subsiste. Nous disons problème et pas simplement différence d’appréciation entre ceux qui se sont exprimés avant la création des IUFM comme Derrida et ceux qui se sont exprimés après comme Bourgeois ; il y a, en effet, ici et maintenant, des professeurs de philosophie en IUFM.

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Spirale-Revue semestrielle de l’Ecole Normale de Lille-N°8