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lundi 15 mars 1993

Serge MARTIN « L’auteur : une entrée en littérature (un aspect de la question) » - Spirale 9 (1993)

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« L’invention de l’auteur comme principe fondamental de désignation des textes (...), l’émergence d’une définition nouvelle du livre, associant indissolublement un objet, un texte et un auteur, constituent quelques-unes des innovations qui, avant ou après Gutenberg, transforment le rapport aux textes. »
Ces remarques de Roger Chartier- indiquent que le lien maintenant évident du texte à son auteur ne l’a pas toujours été ; qu’en tout cas, il ne va pas de soi ; qu’il répond à une configuration historique particulière, à des gestes et institutions culturelles qui exigent leur connaissance.
Ce qu’en a fait la tradition scolaire, nous le savons : « Fréquenter les grands écrivains de tous les temps » revient le plus souvent à lire des « morceaux choisis » qui de l’élite lycéenne à la masse des enfants, constitueront un corpus de références partagées. L’Arrêté du 28 janvier 1890 relatif aux programmes de l’enseignement secondaire stipule également qu’« il est quelques noms que tous connaîtront, quelques belles pages que tous auront lues, admirées, apprises par cœur : n’est-ce pas une richesse de plus ajoutée au patrimoine commun ? N’est-ce pas un précieux secours pour maintenir, par ce qu’il a de plus intime et de plus durable, l’unité de l’esprit national ? » Quoi qu’il en soit du bilan que l’on puisse tirer de cette orientation-, on ne peut que constater la prise en compte de l’auteur dans le rapport aux textes sous le régime de la rareté (« les grands noms ») et de l’admiration obligée.
J’ajouterai seulement et pour sa valeur anecdotique, que l’enseignement primaire a traditionnellement proposé la signature de l’auteur à la fin de la dictée et de la récitation au point même que bien des élèves, dans le mouvement même de la récitation ne semblent pas faire la distinction entre le dernier vers et le nom de l’auteur ! Ce panthéon de noms propres – pas toujours bien dissociés du texte, je viens de le dire – se voyait confirmé, voire éclairé par les articles du Larousse, par les notices introductives des anthologies lues un peu plus tard et bien sûr par l’explication de texte qui à dose légère reliait les faits saillants qu’une lecture attentive dégageait du texte, aux biographèmes constitués par la tradition-.
Mais aujourd’hui qu’en est-il ?

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Spirale - Revue de Recherches en Éducation - N° 9